Texts

Extrait de textes du projet de Marjorie Leberre

« En l’absence de paupières, elle voit flou, en dehors de la zone aveugle, elle voit bleu. » 

Sur ce qui pourrait s’appeler un diorama de Daguerre.

Une toile verte qui selon ses mots « pique les yeux », un paysage de sous-bois, des projecteurs qui inondent la toile d’un spectre lumineux en évolution subtile. Son panorama peint est activée par la lumière, non pas par derrière dans la transparence de la toile comme dans l’église de Bry-sur-Marne en 1842, mais par devant. Un spectacle qui nous fait entrer dans le paysage en mouvement. C’est une image-piège qui nous transporte ailleurs.

Dans un article de Guillaume Le Gall, paru en 2017 et révisé en 2018, il est question du diorama aquatique. Suivant la pensée et les écrits de Théophile Gautier, Guillaume Le Gall développe le parallèle entre diorama de Daguerre, aquarium et peut-être finalement exposition contemporaine. Théophile Gautier et Gérard de Nerval écriront du diorama de 1844 nommé « Le déluge », un « grand attrait dramatique » , un « mystère à grand spectacle, joué par les éléments » « c’est à l’eau qu’appartient le rôle principal, c’est ce terrible élément de l’humide(…) » Cela revient à l’épineuse question du liquide dans la peinture, de la représentation du fluide. La liquidité de l’aquarium et le déluge du diorama se rassemblent en un point : le mouvement, dont l’eau en est l’image.

Son dispositif vert est un fond d’aquarium, coloré, saturé de spiruline. C’est une plongée dans une lumière liquide, dans une couleur diaphane. Elle en parle durant l’échange que nous avons à propos de la pêche à l’anguille à laquelle elle participait avec son frère et un de ses amis.

C’est une plongée dans l’obscurité et captée par des « lumières mystiques inexplicables », je regarde son paysage. Elle raconte la préparation de la pêche, le trajet pour y aller et le spectacle nocturne. Une série de tableaux qui s’animent avec les souvenirs. La pêche à l’anguille c’est la nuit, car elle est lucifuge. C’est à dire qu’elle aime les nuits sans lunes. Elle suit les astres.

Extrait du texte produit par Hélène Cheguillaume pour l’exposition Vogue (Octobre 2018)

L’exposition VOGUES sème le trouble dans les rapports d’échelles. Ainsi, dans la première travée du Fort, la peinture monumentale Allergie fusionne les dichotomies. A la fois décor de théâtre et espace de projections, l’œuvre semble débarrassée de la contrainte du cadre. Tout comme son titre, ce paysage propice à la rêverie et l’évasion dégage toutefois un sentiment proche de « l’inquiétante étrangeté » de Sigmund Freud.